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Enterrement de Me Ali Yahia Abdenour

Par Y. Benrabia-- 27-Avr-2021 27

L’enterrement du moudjahid et défenseur des droits de l’Homme, Ali Yahia Abdenour, décédé dimanche à l’âge de 100 ans, a failli tourner au hirak, lundi après-midi au cimetière de Ben Aknoun (Alger) où il a été inhumé en présence des membres de sa famille et ses proches, des personnalités nationales et politiques et d’une foule nombreuse.

De nombreuses figures du Hirak, des militants et activistes des droits de l’homme ont assisté aux obsèques de même que les conseillers du président de la République, Abdelhafid Alahoum et Ahmed Rachedi, le Secrétaire général du ministère des Moudjahidine et des Ayants-droit, Laid Rebika, le secrétaire général par intérim de l’Organisation nationale des Moudjahidine, Mohand Ouamar Benlhadj, ainsi que d’anciens ministres comme Ahmed Taleb Ibrahimi.

Les activistes comme Karim Tabbou, Rachid Nekkaz ou Samir Belarbi étaient également présents. Les habitués du Hirak du vendredi ont tenu à marquer leur présence en scandant des slogans hostiles au Pouvoir.

Plusieurs activistes de l’Ex Fis étaient également présents à l’enterrement. Ali Yahia Abdenour avait défendu l’ex FIS., lors du premier procès à Blida. Ali Benhadj a été empêché de se rendre à l’enterrement en raison de ses restrictions de déplacement sur les lieux publiques

“Algérie libre et démocratique”, “Pouvoir assassin” et d’autres slogans ont été scandés par une foule acharnée dont certains jeunes ont voulu s’en prendre aux conseillers du président de la République, alors que Karim Tabbou et un autre groupe de jeunes s’en sont pris à Bouzid Lazhari, président du Conseil national des droits de l’Homme. Il a fallu l’intervention des agents de sécurité pour l’exfiltrer de la foule.

Natif d’Ain El Hammam en 1921, Alii Yahia Abdenour, ce militant infatigable des droits de l’Homme a été instituteur durant les années 1940 avant d’entamer son militantisme contre l’occupant français en adhérant à plusieurs partis dont le Parti du peuple algérien (PPA), puis le Mouvement pour le Triomphe des Libertés démocratiques (MTLD) et enfin le Front de Libération nationale (FLN) en 1955. Il a été arrêté en 1956 et à sa libération en 1961, il prend les rênes du Secrétariat général de l’Union générale des Travailleurs algériens (UGTA). Dans les années 1980, il intègre la Ligue algérienne pour la Défense des droits de l’Homme (LADDH) en tant que membre fondateur.

En 1985, il crée, avec des militants comme les frères Aït-Larbi et Saïd Sadi, la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH). Cela le conduira à la prison. Il sera même envoyé à Laghouat en résidence surveillée. Malgré son âge et son passé révolutionnaire, il sera torturé à plusieurs reprises. “Tuez-nous si vous voulez. Mais notre cause triomphera”, dit-il un jour à un de ses tortionnaires.
Toujours aux avant-postes, Abdennour Ali-Yahia fera parler de lui durant les années 1990. Il sera un des avocats des dirigeants du Front islamique du Salut (FIS). Il a participé activement à la réunion de Saint’Egidio, tenue en janvier 1985 à Rome. Il s’est attiré les foudres du pouvoir et d’une bonne partie de la classe politique qui l’ont accusé d’alliances avec les terroristes. Mais l’homme a toujours refusé les conformismes. Il a sillonné le monde entier pour plaider en faveur de la réconciliation en Algérie. Mais une fois que le pouvoir a décliné sa “réconciliation”, le vieil avocat dira non. Il gardera le cap. A 90 ans, il continue à manifester dont notamment lors des fameuses marches de 2011. Les images d’interpellations musclées qui l’ont ciblé à cette occasion refont surface pour rappeler que malgré un âge avancé et un passé glorieux, le pouvoir n’a que faire des symboles. Abdennour Ali-Yahia était presque un prophète parmi son peuple. Il a d’ailleurs participé aux premières marches du Hirak en 2019. Mais comme tous les justes, il était craint par le pouvoir qui lui rendait la vie si dure qu’il avait failli se retrouver sans domicile fixe.
A plusieurs reprises, la direction des domaines a demandé à récupérer l’appartement qu’il occupait depuis 1964. C’est tout ce qu’il possédait après 80 ans d’une existence pleine ! Abdennour Ali-Yahia sera inhumé, cet après-midi, au cimetière de Ben Aknoun.

Il a été l’auteur de plusieurs ouvrages dont “Algérie: Raisons et dérision d’une guerre”, “la crise berbère de 1949 : portrait de deux militants, Ouali Bennaï et Amar Ould-hamouda”, “Lettre ouverte au système politique et au dernier pouvoir qu’il a engendré” et “mon testament pour les libertés”.

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