
L‘« intégrité physique » de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporojie occupée par les Russes « a été violée à plusieurs reprises », a dénoncé jeudi, après l’avoir inspectée, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, tandis que le président Volodymyr Zelensky reprochait à l’AIEA d’avoir occulté la question de la « démilitarisation » de ce site.
« Nous n’avons pas d’éléments pour évaluer cela », mais « c’est quelque chose qui ne peut pas continuer à se produire », a ajouté Rafael Grossi, qui est aussi à la tête d’une mission d’experts dont, a-t-il souligné, plusieurs demeureront jusqu’à « dimanche ou lundi » sur place.
La visite de l’AIEA à la centrale nucléaire de Zaporijia n’éteint pas les inquiétudes
Les obstacles se sont accumulés jusqu’au dernier moment, mais la mission de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) a finalement réussi à accéder, jeudi 1er septembre, à la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine. Cette visite visait à faire un état des lieux du site, occupé par les Russes depuis le 4 mars. C’est la première fois, en soixante-cinq ans d’histoire de l’AIEA, que des observateurs traversaient un front de bataille actif afin de procéder à une inspection.
Après « quatre à cinq heures » de visite, le chef de l’AIEA, Rafael Grossi, qui conduit la délégation, a déclaré avoir « vu ce qu’il avait besoin de voir », dont « les unités [de réacteurs], le système d’urgence et d’autres pièces, les salles de contrôle », tout en précisant que « le travail ne [faisait] que commencer ». « L’intégrité physique de la centrale a été violée à plusieurs reprises, a-t-il dénoncé une fois revenu en territoire contrôlé par Kiev. Nous n’avons pas d’éléments pour évaluer cela » mais « c’est quelque chose qui ne peut pas continuer à se produire », a-t-il ajouté.
 Zelensky veut la démilitarisation
Dans son message quotidien du soir, le chef de l’Etat ukrainien a estimé que l’AIEA aurait dû aller plus loin et insister sur la nécessité, selon lui, de « démilitariser » cette zone.
« La principale chose qui devrait se produire est la démilitarisation du territoire de la centrale (…) Et il est regrettable que nous n’ayons pas encore entendu les messages appropriés de l’AIEA », a ainsi lâché Volodymyr Zelensky.
L’AIEA va établir une « présence continue » à la centrale
« Nous avons pu visiter tout le site. J’étais dans les unités (de réacteurs), j’ai vu le système d’urgence et d’autres pièces, les salles de contrôle », a déclaré Rafael Grossi, chef de l’AIEA, tout en louant le personnel ukrainien toujours présent à la centrale tombée en mars aux mains des soldats russes.
« Nous avons beaucoup de travail ici », dans ces installations que les Russes et les Ukrainiens s’accusent mutuellement d’avoir bombardées à de nombreuses reprises, l’Agence internationale de l’énergie atomique compte ainsi « établir une présence continue » à cet endroit, a répété son patron
L’Ukraine dit avoir frappé une base russe près de la centrale nucléaire de Zaporojie
L’Ukraine a indiqué vendredi avoir frappé une base russe à Energodar, ville où se trouve la centrale nucléaire de Zaporojie, occupée par les troupes russes, au lendemain d’une visite d’une mission de l’Agence internationale de l’énergie atomique. « Dans les localités de Kherson et d’Energodar, des frappes précises de nos troupes ont détruit trois systèmes d’artillerie de l’ennemi, ainsi qu’un dépôt de munitions », a indiqué l’armée ukrainienne dans son rapport du soir.
La centrale de Zaporojie « devrait être remise sous le contrôle de l’Ukraine », estime son ministre de l’Energie
Le rapport de l’AIEA suite à sa mission à la centrale de Zaporojie « devrait être envoyé à l’Ukraine et à Energoatom », et ces derniers doivent « mettre en œuvre ces recommandations, et éliminer les conséquences des actions barbares des occupants » russes, a estimé le ministre ukrainien de l’Energie German Galushchenko à la télévision ukrainienne. Pour cela, « la mission de l’AIEA doit déclarer que la présence militaire, la présence d’armes à la centrale, est une menace réelle pour la sûreté nucléaire », et la centrale de Zaporojie « doit revenir sous le contrôle de l’Ukraine », ajoute-t-il.
Le CICR alerte contre une attaque « catastrophique »
Dans la capitale ukrainienne, le directeur général du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a de son côté appelé à interrompre toutes les opérations militaires autour de ces installations, prévenant qu’une attaque serait « catastrophique ».
« La moindre erreur de calcul pourrait provoquer des ravages que nous regretterions pendant des décennies », a mis en garde Robert Mardini.
Un des deux réacteurs en fonctionnement de la centrale a à cet égard été arrêté en raison de frappes russes, a regretté jeudi l’opérateur ukrainien Energoatom
Bombardements massifs dans les environs de Kharkiv
Dans son compte-rendu du soir, l’état-major de l’armée ukrainienne a mentionné des « bombardements massifs » dans les environs de Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, située dans le nord-est, de Zaporojie, dans le sud, ainsi que de Kramatorsk, Bakhmout et Sloviansk, dans l’est.
Elle n’a, en revanche, fourni aucune information sur la contre-offensive ukrainienne déclenchée lundi dans certaines zones méridionales, en particulier autour de Kherson, l’une des rares grandes cités conquises par la Russie.
L’armée russe avait assuré mercredi y avoir repoussé les deux jours précédant les attaques des Ukrainiens, leur infligeant de lourdes pertes.
Nouvelles accusations de crimes de guerre contre la Russie
Dans un rapport paru jeudi, l’ONG Human Rights Watch a affirmé que les troupes russes transféraient de force des civils ukrainiens, y compris ceux fuyant les hostilités, vers des régions sous leur contrôle, depuis le début de l’invasion.
Zelensky en visite dans une école pour la rentrée
Le premier jour de classe, le président ukrainien a visité une école à Irpin, près de Kiev, qui a été rénovée après avoir été bombardée pendant les premiers jours de l’invasion russe.
Le dernier point sur la situation du ministère britannique de la Défense
« De violents combats se poursuivent dans le sud de l’Ukraine, notamment des bombardements dans le district d’Enerhodar, près de la centrale nucléaire de Zaporojie occupée par les Russes », selon le communiqué.
« Malgré la guerre en Ukraine, le 1er septembre, l’armée russe a commencé l’exercice Vostok 22, son exercice stratégique conjoint annuel, qui marque le point culminant de l’année d’entraînement militaire. La Russie a déclaré publiquement que 50.000 soldats y prendraient part, mais il est peu probable que plus de 15.000 personnes y participent activement cette année. Cela représente environ 20 % des forces qui ont participé au dernier exercice Vostok en 2018. Les performances militaires de la Russie en Ukraine ont mis en évidence que les exercices militaires stratégiques russes, tels que Vostok, n’ont pas réussi à soutenir la capacité de l’armée à mener des opérations complexes à grande échelle. Ces événements sont fortement scénarisés, n’encouragent pas l’initiative et visent principalement à impressionner les dirigeants russes et les publics internationaux », poursuit le ministère.
Lavrov menace la Moldavie
Dans un discours devant la plus haute école de diplomatie russe, Sergueï Lavrov n’y est pas allé par quatre chemins : « Tout le monde doit comprendre que tout type d’action qui constituera une menace pour la sécurité de nos militaires sera considéré conformément au droit international comme une attaque contre la Fédération de Russie ». Le ministre russe des Affaires étrangères a ainsi prévenu la Moldavie qu’elle risquait d’être entraînée dans la guerre en Ukraine, puisque des troupes russes stationnent toujours dans la région séparatiste de Transnistrie, où plusieurs explosions avaient retenti au mois d’avril.
Le conseiller de Zelensky accuse Total de continuer à gagner de l’argent en Russie
« Croyez-le ou non, toutes les entreprises européennes n’ont pas quitté le marché russe », accuse Mykhaïlo Podolyak, conseiller de Volodymyr Zelensky, sur Twitter. Il cible particulièrement Total, qui percevrait « des centaines de millions de dollars de Novatek », détenue en partie par le groupe français. « Certains ne sentent toujours pas l’odeur du sang des enfants sur l’argent », dénonce le conseiller.
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