
La France insoumise (LFI) a vivement interpellé le gouvernement, mardi à l’Assemblée nationale, réclamant le renvoi du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. En cause : son silence jugé coupable après le meurtre d’un jeune homme de 22 ans, tué vendredi dernier alors qu’il priait dans une mosquée.
Le député insoumis Abdelkader Lahmar a dénoncé un climat d’islamophobie entretenu, selon lui, par le ministre, allant jusqu’à l’accuser d’être l’un de ses principaux instigateurs.
“Combien de morts faudra-t-il encore pour que vous agissiez contre l’islamophobie, en commençant par renvoyer Monsieur Retailleau ?”, a-t-il lancé au Premier ministre François Bayrou, dans un hémicycle tendu.
Le député a rappelé que ce meurtre ne devait en aucun cas être perçu comme un fait isolé. Il y voit l’aboutissement d’un discours politique stigmatisant les musulmans, relayé jusque dans les plus hautes sphères de l’État.
“Ce n’est pas un accident. C’est le résultat d’un climat de haine que vous laissez prospérer”, a-t-il martelé, soulignant que l’islamophobie tue en France.
Lahmar a vivement critiqué la réaction tardive du gouvernement, qui aurait mis plus de 48 heures à réagir publiquement à ce drame. Il déplore également le refus d’une minute de silence en mémoire de la victime, jugé comme une “instrumentalisation politique”.
Le député LFI a particulièrement visé les propos du ministre, en rappelant que Bruno Retailleau s’était exprimé publiquement en criant “À bas le voile”, une phrase selon lui chargée de violence symbolique et de haine. “Ces mots poussent au crime”, a accusé Lahmar, estimant que le ministre ne protège pas tous les citoyens de manière équitable.
Le manque de réactivité de Bruno Retailleau face au drame a également suscité des critiques dans son propre camp politique.
Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France et soutien du ministre, a regretté son absence sur les lieux du crime, soulignant qu’il était aussi “le ministre des cultes” et que sa présence aurait été “nécessaire dans l’heure”.
Même ton du côté de Prisca Thévenot, députée Renaissance et ancienne porte-parole du gouvernement, qui a regretté que Retailleau ait préféré “sa casquette de candidat à celle de ministre”.
En effet, au moment du drame, Bruno Retailleau se trouvait en déplacement de campagne, en région Auvergne-Rhône-Alpes, bastion de son rival Laurent Wauquiez dans la course à la présidence du parti Les Républicains.
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