
Gaza sous blocus : l’ONU dénonce une « punition collective cruelle »
Nouvelles frappes meurtrières sur la bande de Gaza
Au moins 29 personnes ont été tuées dans de récentes frappes aériennes israéliennes à Gaza, selon les services de la défense civile du territoire. Parmi les victimes figurent huit membres de la famille Abu Sahlul, dont la maison dans le camp de réfugiés de Khan Younis, au sud, a été ciblée. Quatre autres civils ont péri à Gaza City, dans le quartier de Tuffah, et 17 autres ont été tués dans différentes localités, y compris lors d’un bombardement sur une tente de déplacés près de Deir el-Balah.
Témoins et survivants décrivent un paysage de ruines et de désespoir. « On a retrouvé des enfants et des femmes déchiquetés par les bombes. Ça suffit. On préfère mourir que vivre comme ça », a témoigné Ahmed Abu Zarqa, habitant de Khan Younis.
L’ONU alerte sur un risque de famine massive
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a tiré la sonnette d’alarme : le blocus imposé par Israël met en péril l’existence même des Palestiniens de Gaza. Selon lui, l’utilisation de la famine comme arme de guerre pourrait constituer un crime de guerre. Il dénonce des conditions « incompatibles avec leur survie en tant que groupe ».
Sur le terrain, les scènes sont dramatiques. D’après le correspondant d’Al Jazeera, Tareq Abu Azzoum, des familles entières sautent des repas et les enfants consomment des aliments périmés. Les boulangeries financées par l’aide internationale sont à l’arrêt, le Programme alimentaire mondial est en rupture de stock, et les soupes populaires sont débordées.
Le blocus humanitaire sous le feu des critiques
Le système humanitaire est à l’agonie. Plus de 3 000 camions chargés d’aide sont bloqués à la frontière. L’UNRWA, agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, dénonce un siège insoutenable et rappelle qu’un million d’enfants sont menacés. « Le siège doit être levé », a martelé l’organisation dans un message posté sur X (ex-Twitter).
Tom Fletcher, chef des affaires humanitaires de l’ONU, a lui aussi dénoncé une situation intenable. « Bloquer l’aide, c’est condamner. C’est une punition collective cruelle », a-t-il déclaré. Il rejette la proposition israélienne d’une distribution privée de l’aide, estimant qu’elle ne respecte pas les standards humanitaires fondamentaux.
À la CIJ, le Qatar accuse Israël de « guerre génocidaire »
À La Haye, la Cour internationale de justice examine depuis plusieurs jours les obligations d’Israël concernant l’aide humanitaire dans les territoires occupés. Le Qatar, représenté par l’ambassadeur Mutlaq al-Qahtani, a dénoncé une « guerre génocidaire » menée contre les Palestiniens. Il a accusé Israël de bloquer délibérément toute livraison d’aide et de menacer l’existence même de l’UNRWA, qualifiée de « colonne vertébrale » de l’assistance humanitaire.
Des civils visés alors qu’ils cherchent à se nourrir
De multiples témoignages et ONG accusent les forces israéliennes de tirer sur des civils palestiniens tentant de récupérer de la nourriture. Ce ciblage aggrave une crise alimentaire déjà dramatique, accentuée par un blocus total imposé depuis plus de deux mois.
Liberté de la presse : la Palestine devient la zone la plus dangereuse au monde pour les journalistes
Une hécatombe de journalistes dans la bande de Gaza
Selon Reporters sans frontières (RSF), la Palestine est désormais le territoire le plus meurtrier pour les journalistes, en raison de la guerre en cours entre Israël et le Hamas. L’organisation alerte sur une hausse inédite du nombre de reporters tués dans l’exercice de leur métier. Près de 200 journalistes ont perdu la vie au cours des 18 premiers mois du conflit, dont au moins 42 en mission, selon le dernier Classement mondial de la liberté de la presse 2025.
Coincés dans la bande de Gaza, les journalistes n’ont ni abri, ni accès suffisant à la nourriture ou à l’eau, souligne RSF. Cette insécurité généralisée fait de leur métier un exercice à haut risque dans une zone bouclée et constamment bombardée.
Cisjordanie : arrestations, violences et répression croissante
En Cisjordanie, la situation n’est guère meilleure. Les journalistes y font face à des violences répétées de la part des colons israéliens et des forces armées, avec une intensification notable depuis le 7 octobre. RSF évoque une vague d’arrestations et une impunité systémique, qualifiant la répression de “nouvelle norme” pour les professionnels de l’information.
Pressions multiples : du Hamas à l’Autorité palestinienne
Mais la répression ne vient pas uniquement des autorités israéliennes. Dans les territoires palestiniens, le Hamas et le Jihad islamique s’en prennent également aux journalistes qu’ils soupçonnent de liens avec Israël, les empêchant souvent de travailler librement.
Par ailleurs, l’Autorité palestinienne restreint l’expression en ligne par le biais d’une loi sur la cybercriminalité, qui bride la liberté de la presse et musèle la critique.
Chute de la Palestine au classement mondial
Dans le classement 2025, la Palestine chute à la 163e place, perdant six rangs par rapport à l’an dernier. Elle fait désormais partie des régions les plus hostiles au journalisme libre.
Globalement, sur les 180 pays évalués, 112 enregistrent un recul de la liberté de la presse. Le score mondial atteint un niveau historiquement bas de 55 points, note RSF.
États-Unis : une dégradation préoccupante sous Trump
Les États-Unis reculent également, passant à la 57e position, une chute attribuée à la politique du président Donald Trump, réélu pour un second mandat. RSF dénonce une campagne électorale ponctuée d’attaques contre la presse et des menaces ouvertes d’instrumentalisation du pouvoir fédéral à l’encontre des médias.
Selon RSF, les premières mesures de son second mandat confirment ces craintes : tentatives de politisation de la FCC, restrictions d’accès à l’Associated Press à la Maison-Blanche, ou encore projets de démantèlement de l’Agence américaine pour les médias mondiaux. Des initiatives jugées dangereuses pour l’indépendance de la presse aux États-Unis.
L’entité sioniste : recul brutal de la liberté journalistique
Israël, de son côté, perd 11 places pour atteindre la 112e position. RSF attribue ce recul à des restrictions accrues sur la liberté de la presse, le pluralisme médiatique, et l’indépendance éditoriale, aggravées par la guerre à Gaza.
Depuis 2021, seul le média Channel 14, considéré comme favorable au Premier ministre Benjamin Netanyahou, a pu accéder à des interviews exclusives. Le gouvernement israélien est accusé de marginaliser les voix critiques, comme celle du quotidien Haaretz, ciblé par un appel officiel au boycott en 2024, après avoir couvert les massacres de civils à Gaza.
les commentaire