
Damas est de nouveau en proie à la violence. Cette semaine, des affrontements meurtriers ont opposé des groupes armés à des membres de la communauté druze dans la banlieue de la capitale, faisant plus de 100 morts. Ces violences communautaires ravivent les tensions internes au moment même où le processus de transition politique peine à s’imposer, quelques mois après la chute du régime de Bachar al-Assad.
Un coup dur pour le pouvoir en place, d’autant que dans la nuit, une frappe revendiquée par l’armée israélienne a visé le quartier présidentiel à Damas. Un message direct adressé au nouveau gouvernement syrien, alors que le pays traverse une phase critique marquée par des divisions ethniques et religieuses exacerbées.
Un processus de transition fragilisé
Cinq mois après la fin de l’ère Assad, le gouvernement provisoire peine à imposer son autorité. Le pari initial — réunifier le pays autour d’un projet politique garantissant une autonomie aux différentes communautés — vacille. La reprise des violences communautaires, notamment contre la minorité druze cette semaine, met en lumière la profondeur des fractures encore ouvertes.
Il y a quelques semaines, le massacre de centaines d’Alaouites, communauté à laquelle appartenait l’ancien président, avait déjà révélé la difficulté de tourner la page d’un passé sanglant. Aujourd’hui, c’est la communauté druze, présente entre le sud syrien, le Liban et le nord de la Palestine, qui subit à son tour les conséquences de cette instabilité.
L’ingérence israélienne et les divisions internes
Le nouveau président Ahmed al-Charaa a condamné les violences et réaffirmé son engagement à protéger toutes les composantes du peuple syrien. Mais sur le terrain, la réalité est tout autre. L’État est fragmenté : d’anciens groupes rebelles, des milices locales et des brigades intégrées à la police ou à l’armée coexistent difficilement, souvent en dehors de tout contrôle centralisé.
La communauté druze elle-même est divisée. Une partie aspire à participer au processus de transition, tandis qu’une autre prône le repli communautaire, sous la protection d’Israël. Cette fracture interne complique davantage l’équation.
Israël, acteur de l’instabilité
Depuis la chute du régime Assad, l’armée israélienne a multiplié les frappes en Syrie — plusieurs centaines en cinq mois — ciblant notamment les zones de transit entre l’Iran et le Hezbollah libanais. Officiellement, il s’agit d’anticiper toute résurgence de menace régionale. Officieusement, ces opérations traduisent une volonté de bloquer l’émergence d’un pouvoir susceptible de s’allier à des mouvements jugés hostiles.
La frappe nocturne sur le quartier présidentiel, au-delà de sa portée militaire, revêt une dimension politique claire. En affichant son soutien implicite à une partie de la communauté druze et en frappant le cœur du pouvoir, Israël envoie un avertissement : aucun régime issu des anciens cercles djihadistes ne sera toléré à sa frontière.
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