
Des milliers de personnes rendent hommage à Aboubakar Cissé et dénoncent le climat de haine
Paris a vu défiler plusieurs milliers de manifestants ce dimanche. Réunis à l’appel de collectifs antiracistes, d’élus et de citoyens, ils ont dénoncé la montée alarmante de l’islamophobie en France, dans un climat politique marqué par les tensions identitaires et l’influence croissante de l’extrême droite.
La manifestation, partie en réaction à l’assassinat d’Aboubakar Cissé, tué dans une mosquée du sud de la France, s’est transformée en un cri collectif contre le racisme systémique. Sur une pancarte brandie dans le cortège, on pouvait lire : « Le racisme commence avec des mots et finit comme Aboubakar ».
Politiques, militants et citoyens dénoncent une islamophobie banalisée
Cette mobilisation a été initiée par plusieurs organisations et figures politiques, notamment des représentants de La France insoumise (LFI). De nombreuses figures politiques étaient présentes, dont Jean-Luc Mélenchon, accompagné des députés Louis Boyard et Éric Coquerel, tous membres de La France Insoumise (LFI).
La foule, entre slogans et drapeaux palestiniens, a scandé « Non, non à l’islamophobie » et interpellé directement les responsables politiques, notamment le ministre de l’Intérieur : « Même si Retailleau ne veut pas, nous on est là », lançait un autre slogan.
Les organisateurs souhaitaient aussi rendre hommage à la mémoire d’Aboubakar Cissé, tout en dénonçant la politique sécuritaire actuelle, perçue comme stigmatisante à l’égard des musulmans.
Une islamophobie en progression inquiétante
Les chiffres confirment une hausse des actes antimusulmans. Selon les données du ministère de l’Intérieur, les actes islamophobes ont bondi de 72 % au cours des trois premiers mois de 2025, avec 79 incidents recensés, contre 46 sur la même période en 2024. Une explosion préoccupante, qui alarme autant les associations que certains élus.
Retailleau au cœur des critiques ‘’Le ministre accusé de minimiser les violences islamophobes’’
Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, est la cible de vives critiques. Ses prises de position sont jugées arrogantes et irresponsables, notamment pour son absence de réaction forte après le meurtre d’Aboubakar Cissé.
Ian Brossat, sénateur, l’accuse d’avoir alimenté la haine anti-musulmans et d’entretenir une obsession autour de l’Islam. Plusieurs députés vont jusqu’à demander sa démission.
“L’islamophobie tue” : des témoignages poignants : ‘’Une peur quotidienne dans tous les aspects de la vie’’
Sabah Boutahar, présidente du collectif antiraciste Les Résilientes, déclare avec émotion : « On en a marre que l’islamophobie tue. Je ne veux plus entendre ces histoires ».
À ses côtés, Nora, membre du même collectif, témoigne d’un climat devenu étouffant : « C’est une islamophobie permanente, ancrée dans les institutions. Elle touche l’école, les hôpitaux, le sport… Il n’y a plus de limite », regrette-t-elle.
Dissolution ciblée, résistance affichée : ‘’Le gouvernement accusé d’étouffer les voix antifascistes’’
La mobilisation est aussi une réponse directe à la volonté du ministère de dissoudre la Jeune Garde, groupe antifasciste lié au député Raphaël Arnault. Ce dernier dénonce une manœuvre politique : « Ils veulent faire taire ceux qui combattent le racisme. C’est la suite logique d’une politique discriminatoire. Mais malgré l’assassinat d’Aboubakar, on ne se taira pas », affirme-t-il.
D’autres villes mobilisées ‘’Des rassemblements dans toute la France’’
À Avignon, des centaines de personnes se sont également réunies devant l’hôtel de ville pour protester contre l’islamophobie et rendre hommage à Aboubakar Cissé. Une mobilisation nationale qui reflète un ras-le-bol croissant face à la banalisation du racisme, notamment dans les discours publics.
A Montpellier : plus de 500 personnes dans la rue pour dire non à l’islamophobie
Plus de 500 personnes se sont rassemblées à Montpellier ce dimanche 11 mai, dans le cadre d’une journée nationale de mobilisation contre l’islamophobie. La colère et l’émotion dominaient, deux semaines après l’assassinat d’Aboubakar Cissé, poignardé à 57 reprises dans une mosquée du Gard.
Un crime islamophobe passé sous silence
Le vendredi 25 avril à La Grand-Combe, dans le Gard, Aboubakar Cissé, jeune fidèle musulman, a été tué alors qu’il se trouvait dans un lieu de prière. L’agresseur lui a infligé 57 coups de couteau. Malgré la violence de l’acte, le caractère islamophobe du crime reste largement ignoré dans les sphères politiques et médiatiques.
Une dénonciation du climat politique et médiatique
Durant la marche, plusieurs interventions ont pointé la responsabilité de discours politiques et médiatiques dans la banalisation de la haine antimusulmane.
Djoufelkit, membre du collectif des musulmans de Montpellier, a pris la parole : « Qui a nourri la peur, la haine, dans l’esprit de celui qui a commis cet acte terroriste ? » s’est-il interrogé. « L’islamophobie a une voix, un visage. On entend chaque jour dans les médias des mots comme “Islam”, “menace”, “submersion”, “civilisation”… Ces mots deviennent des lois : loi immigration, loi contre les séparatismes… La parole a préparé l’acte. Combien d’Aboubakar faudra-t-il avant que l’on dise stop ?»
Il a également dénoncé la dissolution d’associations antiracistes, comme ‘’La Jeune Garde’’ ou ‘’Urgence Palestine’’, plutôt que la lutte réelle contre le racisme.
Des figures politiques désignées responsables
Alban Desoutter, représentant local de l’association ‘’La Libre Pensée’’, a qualifié ce drame de « meurtre collectif au sens politique du terme ». Il a rappelé une chronologie des prises de position stigmatisantes au sommet de l’État : Manuel Valls, en 2016, souhaitant interdire le voile à l’université ; Jean-Michel Blanquer, évoquant un prétendu islamo-gauchisme à l’université ; La loi contre les séparatismes ; Les chartes de la laïcité locales, comme celle promue à Montpellier par le maire Michaël Delafosse, accusée de cibler les associations musulmanes.
« On ne peut pas compter sur une certaine gauche pour lutter contre l’islamophobie », a-t-il déclaré. « Michaël Delafosse, c’est comme éteindre un incendie avec un bidon d’essence. »
Une mobilisation qui se poursuit
Malgré la pluie, les manifestants ont défilé dans le centre-ville, profitant d’une éclaircie avant la dispersion.
Les organisateurs ont également annoncé deux nouvelles mobilisations :
– Le 15 mai, un hommage à la Nakba aura lieu place de la Préfecture. Les noms des Palestiniens tués seront lus, en coordination avec une quarantaine de villes européennes.
– Le 17 mai, une grande marche de soutien à la Palestine partira du quartier de la Paillade pour rejoindre la place de la Comédie.
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