
Présent lui aussi sur l’autoroute, ce 13 juin 2025, et retenu avec les autres militants, Zwelivelile Mandela a pris la parole devant les marcheurs. S’adressant à la foule, il leur a transmis plusieurs messages forts de soutien, de détermination et d’appel à la solidarité internationale en faveur du peuple palestinien.
Un appel international contre le blocus de Gaza
Je m’appelle Zwelivelile Mandela et je viens d’Afrique du Sud. Je suis ici, au Caire, pour participer à la Marche mondiale vers Gaza, dont l’objectif est clair : briser le blocus et le siège imposés à la population de Gaza. Notre mouvement a lancé un appel à la communauté internationale pour nous rejoindre ici en Égypte, avant de reprendre notre marche vers le passage de Rafah le 15.
Un large front international mobilisé
Aujourd’hui, nous sommes rassemblés à ce péage d’Ismaïlia, appelant non seulement les Égyptiens, mais aussi l’ensemble du monde arabe, le continent africain, la Ligue arabe, l’Organisation de la coopération islamique (OCI), l’Europe — en particulier le Réseau européen pour la Palestine — ainsi que les peuples d’Asie, d’Amérique latine et des États-Unis, à se mobiliser aux côtés du peuple palestinien. Plus de 80 pays ont déjà répondu à l’appel et manifestent leur soutien ici, à nos côtés.
Un message clair au gouvernement égyptien
Nous adressons également un message direct au gouvernement égyptien : nous sommes ici pour soutenir les mêmes revendications qu’il exprime lui-même dans les médias internationaux, à savoir l’instauration d’un cessez-le-feu immédiat et l’ouverture sans entrave de l’aide humanitaire vers Gaza. Telle est notre seule mission.
L’expérience sud-africaine au service de la solidarité
En tant que Sud-Africains, nous n’avons pas la prétention d’être des experts, mais nous savons ce que représente une lutte de libération. Nous avons été les bénéficiaires d’une immense solidarité internationale durant notre propre combat contre l’apartheid. De nombreux pays d’Afrique australe — les États de la ligne de front comme le Lesotho, le Swaziland, le Zimbabwe, le Botswana, le Mozambique, la Zambie, la Namibie et l’Angola — nous ont soutenus et ont combattu à nos côtés. Le continent tout entier a été inspiré par l’engagement de mon grand-père, le Président Nelson Mandela.
Les liens historiques avec l’Afrique et le monde arabe
Mon grand-père a tissé des liens profonds avec l’Afrique et le monde arabe. Il s’est rendu dans 16 pays africains, recevant son premier passeport des mains du dernier empereur d’Éthiopie. Il a été conseillé par le général Tabbis Biro d’étudier les tactiques militaires en Égypte et en Algérie, où il a reçu une formation aux côtés des dirigeants du Front de libération nationale algérien, tels que Ben Bella et Bouteflika. Ces expériences lui ont permis de mobiliser l’Afrique entière et la communauté internationale en faveur de notre cause.
L’intifada numérique et la diaspora palestinienne
Aujourd’hui, nous disons aux Palestiniens qu’ils disposent également d’une force puissante : leur diaspora. Les 7 millions de Palestiniens vivant à l’étranger peuvent mener une véritable intifada numérique, porter la vérité sur la scène internationale et sensibiliser l’opinion publique des pays où ils résident.
Un appel à la Ligue arabe et à l’OCI
Nous exhortons la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique à s’inspirer du courage de nos anciens États de la ligne de front. Ces nations ont su soutenir notre combat pour la justice, jusqu’à traduire les crimes commis devant les juridictions internationales telles que la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI). Aujourd’hui encore, certains États complices laissent ce génocide se perpétuer, et nous devons intensifier la pression pour qu’ils agissent enfin.
Des obstacles administratifs en Égypte
Malheureusement, ici-même, en Égypte, nous sommes confrontés à des obstacles injustifiés. Mon passeport m’a été confisqué pendant cinq heures, sans explication valable, alors que nous étions entrés légalement avec des visas en règle. En tant que touristes, nous devrions pouvoir circuler librement, promouvoir ce pays et témoigner de l’hospitalité de son peuple. Au lieu de cela, nous subissons blocages et harcèlements, alors même que nous soutenons la position officielle de l’Égypte réclamant un cessez-le-feu et l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza. Ce double discours est hypocrite.
Le rôle essentiel des ambassades et des États alliés
Nous remercions nos ambassades, qui ont exercé des pressions diplomatiques pour obtenir notre libération. Nous exprimons toute notre gratitude aux pays qui soutiennent activement la cause palestinienne. Aujourd’hui, ces États disposent d’un pouvoir diplomatique et économique bien plus considérable que celui qu’avaient nos anciens États de la ligne de front face à l’apartheid sud-africain.
L’Afrique du Sud doit aller plus loin
Notre propre pays, l’Afrique du Sud, peut et doit en faire davantage. Certes, nous avons porté l’apartheid israélien devant la Cour internationale de justice. Mais nos actions doivent être cohérentes. Par exemple, la Colombie a cessé d’exporter du charbon vers Israël, tandis que l’Afrique du Sud en reste le premier fournisseur. On ne peut d’un côté poursuivre Israël devant la CIJ, et de l’autre, alimenter indirectement son génocide. Notre gouvernement doit impérativement corriger ces contradictions.
La responsabilité juridique face aux Sud-Africains engagés dans le conflit
Nous dénonçons aussi la participation illégale de certains Sud-Africains à l’armée israélienne. Depuis 2014, nous avons recensé 149 dossiers de citoyens sud-africains combattant sous drapeau étranger, en violation de la loi sur l’assistance militaire étrangère (Foreign Military Assistance Act). Nous avons saisi le Parquet national afin qu’ils soient arrêtés et jugés.
L’engagement d’une génération pour la liberté palestinienne
Le combat est encore long, y compris sur notre propre sol. Mais nous restons fidèles à l’héritage de Nelson Mandela, qui déclarait dès 1995 : « Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens. »
Aujourd’hui, c’est à notre génération de reprendre ce flambeau. Ensemble, unis, nous ferons de la libération de la Palestine une réalité de notre vivant.
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