
Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dimanche à La Haye, transformant les rues de la capitale néerlandaise en un vaste appel à la justice. Face à l’escalade des massacres à Gaza, où plus de 55 000 Palestiniens ont déjà été tués en 20 mois de bombardements israéliens, les manifestants exigent des mesures immédiates contre Israël et condamnent l’immobilisme de leurs dirigeants.
Une démonstration massive de solidarité
La manifestation, baptisée « Ligne rouge », marque la deuxième mobilisation de grande ampleur en moins d’un mois aux Pays-Bas. Dès le matin, des foules immenses se sont rassemblées, convergeant vers la Cour internationale de justice (CIJ), symbole du droit international, pour rappeler à la communauté internationale ses responsabilités face aux crimes commis par l’armée israélienne.
Sous les drapeaux palestiniens et les slogans dénonçant les crimes de guerre, les manifestants ont voulu établir une frontière symbolique que, selon eux, leurs gouvernements refusent de tracer. Pour Michiel Servaes, directeur d’Oxfam Novib, cette mobilisation est un signal fort : « Plus de 150 000 personnes se sont rassemblées pour exiger des sanctions concrètes contre le génocide perpétré à Gaza. C’est un message clair adressé aux autorités néerlandaises et à l’ensemble des gouvernements occidentaux complices par leur silence ou leur soutien à Israël. »
Le droit international face à l’impunité israélienne
La Cour internationale de justice examine actuellement une plainte déposée par l’Afrique du Sud, qui accuse Israël de violer la Convention sur le génocide. Les images de civils écrasés sous les bombes, d’enfants affamés et de quartiers entiers rasés à Gaza alimentent les accusations de crimes contre l’humanité et de nettoyage ethnique. Pourtant, malgré ces violations flagrantes du droit international, Israël continue de bénéficier d’une protection diplomatique de la part de plusieurs grandes puissances occidentales, États-Unis en tête.
Selon les organisateurs, cette manifestation vise justement à briser cette impunité. Amnesty International, Oxfam et d’autres ONG partenaires dénoncent l’échec systématique des institutions internationales à protéger les Palestiniens et à contraindre Israël à respecter le droit humanitaire.
Une colère qui dépasse les frontières néerlandaises
La mobilisation de La Haye s’inscrit dans un vaste mouvement de solidarité qui gagne du terrain à travers le monde. Des manifestations similaires ont été organisées en Belgique, en Turquie, au Brésil, en Grèce et dans plusieurs capitales européennes. Partout, les slogans sont les mêmes : cessez-le-feu immédiat, fin du blocus de Gaza et sanctions contre Israël.
« C’est devenu insoutenable », confie Salih el Saddy, médecin manifestant interrogé par Al Jazeera. « Chaque jour, nous voyons des enfants mutilés, des familles entières anéanties, des hôpitaux détruits. Comment le monde peut-il encore détourner le regard ? »
Le gouvernement néerlandais sous pression
Face à l’ampleur de la mobilisation, le Premier ministre néerlandais Dick Schoof a été contraint de réagir. Sur X (ex-Twitter), il a reconnu le caractère « sans précédent » de la manifestation et affirmé entendre « les inquiétudes, la colère et la frustration » des manifestants. Mais ses déclarations restent vagues : « Les Pays-Bas poursuivent leurs efforts diplomatiques pour mettre fin aux violences et alléger le blocus humanitaire », a-t-il affirmé sans annoncer de mesures concrètes.
Pour beaucoup de manifestants, ces déclarations illustrent le double langage occidental : afficher des préoccupations humanitaires tout en refusant de sanctionner l’agresseur ou de suspendre les ventes d’armes à Israël.
Israël tente de détourner l’attention
Sur le terrain, la situation humanitaire à Gaza reste dramatique. Israël poursuit ses bombardements massifs sous couvert de “droit à se défendre”, tandis que des tentatives de diversion géopolitique émergent, notamment par l’intensification des tensions avec l’Iran. Mais comme le soulignent les manifestants de La Haye, l’essentiel demeure : le massacre des civils palestiniens se poursuit dans une quasi-impunité, sous l’œil complice d’une grande partie de la communauté internationale.
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