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Pourquoi Israël assiège la Cisjordanie en pleine offensive contre l’Iran

Par A.B.-- depuis 1 jour 0

Alors que les bombardements israéliens visent intensément l’Iran et Gaza, l’armée israélienne verrouille en parallèle la Cisjordanie occupée. Depuis plusieurs jours, les entrées de nombreuses villes et villages palestiniens sont hermétiquement fermées par des barrages de béton et des portes métalliques, isolant près de trois millions de Palestiniens sous occupation militaire.

Un blocus militaire renforcé

Depuis vendredi, les opérations israéliennes se sont intensifiées, prolongeant un siège qui paralyse totalement la Cisjordanie. Selon les Nations Unies, depuis le début de la guerre contre Gaza le 7 octobre 2023, au moins 943 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie, dont plus de 200 enfants. Rien qu’en 2024, l’armée israélienne a mené des offensives régulières contre les camps de réfugiés de Jénine et de Tulkarem, faisant 137 morts, dont 27 mineurs.

Ces derniers jours, le bouclage s’est durci. Des checkpoints ont été déployés dans les grandes villes, notamment Ramallah, Naplouse, Hébron, Qalqilya, el-Bireh et la vallée du Jourdain, bloquant les déplacements des civils, entravant l’accès aux soins, paralysant l’économie et coupant l’approvisionnement des agriculteurs.

« Les fermetures ont totalement asphyxié la vie quotidienne », rapporte l’agence palestinienne Wafa. Même les ambulances sont systématiquement retardées aux postes de contrôle. Fayez Abdel Jabbar, ambulancier, témoigne : « Nous devons parfois attendre plusieurs heures avant de franchir un checkpoint. Pour contourner ces blocages, nous sommes contraints de transférer les patients d’une ambulance à l’autre. »

Des violences systématiques

Les tentatives des Palestiniens de franchir les barrages se heurtent régulièrement à des tirs à balles réelles, des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes. À Tulkarem, un adolescent de 16 ans a récemment été blessé par balle. Les arrestations nocturnes se multiplient : au moins 15 personnes ont été interpellées lors de raids ces derniers jours. Dans certaines zones, les soldats israéliens expulsent des familles de leurs maisons pour transformer les habitations en postes militaires.

Une stratégie d’annexion accélérée

Selon les Palestiniens, ces mesures visent à consolider le contrôle israélien sur la Cisjordanie, dans la continuité d’une politique d’annexion et d’expansion des colonies. Depuis le 7 octobre 2023, Israël a augmenté le nombre de points de contrôle de 600 à 900, estime Qassim Awwad, responsable à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). « Ils utilisent la guerre contre l’Iran comme une couverture pour morceler la Cisjordanie en cantons isolés. »

L’annexion de facto est désormais ouvertement affichée par plusieurs ministres israéliens. Lors d’une conférence à Sderot, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, le ministre des Communications Shlomo Karhi et le ministre du Patrimoine Amichai Eliyahu ont appelé à l’annexion non seulement de la Cisjordanie et de Gaza, mais aussi de territoires au Liban et en Syrie.

L’aggravation des violences des colons

Profitant du siège, les colons israéliens multiplient les attaques contre les habitations et les terres palestiniennes, sous le regard passif de l’armée. Ces agressions s’accompagnent souvent d’opérations de confiscation de terres et de constructions illégales de nouvelles colonies.

Les retombées des frappes israélo-iraniennes

Alors que les frappes aériennes entre Israël et l’Iran se multiplient, les Palestiniens de Cisjordanie se retrouvent eux aussi sous la menace. Les débris de missiles interceptés retombent sur leurs villes et villages. Contrairement aux habitants d’Israël, ils ne disposent d’aucun abri antiaérien. Des dizaines de blessés sont déjà recensés suite aux explosions.

Une aide palestinienne paralysée

Face à l’intensification des mesures israéliennes, l’Autorité palestinienne peine à apporter son aide. « Israël contrôle tous les aspects de notre vie, notre marge de manœuvre est extrêmement limitée », confie un responsable, « sauf pour la coordination sécuritaire ! », rétorque un habitant

Le silence de la communauté internationale

Alors que l’attention mondiale reste focalisée sur l’escalade israélo-iranienne, la situation en Cisjordanie suscite peu de réactions. L’UNRWA rappelle pourtant que ce territoire n’est pas une zone de guerre mais un territoire occupé régi par le droit international humanitaire. « Les forces israéliennes ont pour obligation de protéger les droits humains, non de les bafouer. Elles doivent préserver la dignité et la vie des civils », déclare Roland Friedrich, directeur des affaires de l’UNRWA en Cisjordanie.

Malgré ces violations flagrantes du droit international, Israël poursuit en toute impunité son entreprise de colonisation, sous le regard complaisant d’une grande partie des puissances occidentales.

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