
En visite officielle en Algérie depuis cinq jours, le député français Sébastien Delogu (La France Insoumise) a marqué les esprits lors du Forum économique sur le développement durable, tenu à l’hôtel El Aurassi à Alger. À la veille de son départ, il devait être reçu par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée populaire nationale (APN), pour clore un séjour chargé de symboles et de prises de position.
Dans une allocution intitulée « Mémoire collective : une fondation pour un avenir pacifique et durable », Delogu a défendu une vision humaniste et engagée des relations entre la France et l’Algérie : « Je suis venu porter un message de paix, en opposition aux discours va-t-en-guerre de certains membres du gouvernement français », a-t-il déclaré d’entrée, s’inscrivant à contre-courant des tensions diplomatiques récentes. « Je ne suis pas là pour flatter une clientèle, mais pour bâtir une relation d’égal à égal, solide, fiable et tournée vers l’avenir. »
Une mémoire partagée pour un avenir commun
S’exprimant dans un contexte de crise entre Paris et Alger, le député a appelé à dépasser les blessures historiques pour construire une nouvelle dynamique fondée sur la mémoire, la reconnaissance et l’amitié entre les peuples : « Il existe des désaccords, des douleurs, mais c’est ce que nous avons en commun qui permet de traiter d’égal à égal. »
Soulignant que sa visite revêt un caractère politique assumé, il a affirmé : « Le mandat que m’ont confié les Marseillaises et les Marseillais transforme ma présence en Algérie en un acte public. Je viens porter une autre parole du peuple français, celle de la paix, du respect et du dialogue. »
Il a rappelé le rôle central des millions de binationaux algéro-français comme ponts vivants entre les deux rives de la Méditerranée.
Gaza : une condamnation ferme et sans détour
Le député insoumis n’a pas éludé l’actualité internationale, condamnant fermement les crimes de guerre à Gaza. Il a qualifié le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu de « criminel de guerre », dénonçant sa politique qu’il juge « colonialiste, raciste et génocidaire ».
« La condamnation sans réserve du sort réservé aux Palestiniens est un devoir moral. Car ce qui leur arrive aujourd’hui peut toucher d’autres peuples demain. »
Delogu a lié ces tragédies aux logiques de division et de racisme qui sapent l’unité des peuples et freinent leur développement.
Une vision économique au service de l’humain
Pour le député marseillais, l’économie doit redevenir un outil au service de la dignité humaine, et non l’inverse. Il a dénoncé les ravages du capitalisme libéral, notamment sur la Méditerranée, qu’il a décrite comme la mer la plus polluée du monde et un cimetière pour migrants : « L’absurdité du modèle actuel et l’inhumanité des politiques réactionnaires ont transformé cette mer en tombeau. »
Face à cette réalité, Delogu appelle à un investissement écologique commun sans précédent, notamment autour des ports et du commerce maritime, pour rebâtir des ponts économiques durables entre Marseille et les grands ports algériens : Alger, Oran, Annaba, Béjaïa ou Djendjen. « Comment construire un avenir pour le port de Marseille sans partenariats solides avec les ports algériens ? »
Une voix dissidente au service de la paix
Connu pour ses prises de position à l’Assemblée nationale française — notamment lorsqu’il y a brandi le drapeau palestinien —, Sébastien Delogu a assumé avec clarté son engagement pour la justice et le dialogue. Il a réaffirmé sa volonté de contribuer à un nouvel ordre méditerranéen plus juste, plus stable et débarrassé des logiques guerrières, déclarant en conclusion : « L’économie doit être au service de l’humain, pas l’inverse. Seule une coopération sincère peut garantir un avenir commun, au-delà des blessures du passé. »
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