
Depuis des décennies, Israël et l’Iran s’affrontaient par procuration, par le biais de cyberattaques, de sabotages ciblés, de frappes isolées en Syrie et de rivalités sur des terrains tiers du Moyen-Orient. Cette guerre indirecte, menée dans une relative discrétion, a laissé place depuis le 13 juin à un affrontement ouvert, inédit et brutal. Israël a lancé une vaste offensive aérienne sur le territoire iranien, déclenchant une spirale de ripostes qui risque de bouleverser l’équilibre régional.
La fin de la guerre de l’ombre
En déclenchant cette guerre, l’entité sioniste justifie son action par la menace imminente d’un Iran “au seuil nucléaire”. En réalité, la stratégie israélienne vise depuis longtemps à contenir l’influence croissante de la République islamique sur l’échiquier régional, où Téhéran a su tisser un réseau d’alliances puissantes avec le Hezbollah au Liban, les Houthis au Yémen, et diverses milices chiites en Irak et en Syrie.
Un bilan humain déjà lourd
Le coût humain de cette confrontation est dramatique. En Iran, les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts et plus de 1 000 blessés en seulement quatre jours, selon le ministère iranien de la Santé. Plusieurs hauts responsables militaires des Gardiens de la Révolution et des scientifiques du programme nucléaire figurent parmi les victimes. A Téhéran, les frappes ont visé aussi bien des infrastructures stratégiques que des zones résidentielles, provoquant l’exode de milliers de civils. Mosquées, stations de métro et écoles ont été transformées en abris de fortune, rappelant les scènes de guerre des grandes villes syriennes au plus fort de leur destruction.
Israël, lui, déplore 13 morts et près de 400 blessés, selon les chiffres de ses autorités. Mais, selon des observateurs, les chiffres sont beaucoup plus élevés et les pertes sont énormes. Des missiles iraniens ont touché plusieurs grandes villes, dont Jérusalem, Bat Yam et Tamra.
Une logique d’escalade assumée
En riposte aux bombardements sioniste, l’Iran a opté pour une montée en puissance rapide et assumée. Des vagues de missiles et de drones ont visé des bases aériennes et des infrastructures militaires israéliennes vitales pour le ravitaillement en carburant de ses avions de combat. Les Gardiens de la Révolution ont clairement affirmé que ces frappes étaient une « réponse aux agressions sionistes visant des civils et des infrastructures stratégiques sur le territoire iranien ».
L’objectif iranien semble double : afficher sa capacité de dissuasion en frappant le cœur du territoire israélien et forcer la communauté internationale à constater que Téhéran n’est plus seulement une cible passive mais un acteur pleinement capable de projection militaire.
Un affrontement qui prend de court les États-Unis
L’administration américaine observe cette escalade avec une inquiétude croissante. Donald Trump a exhorté les deux parties à “trouver un accord” tout en laissant planer la possibilité d’une future intervention américaine. Mais la réalité stratégique est complexe : Washington est pris entre son soutien historique à Israël et la crainte de voir le conflit s’étendre à tout le Moyen-Orient, déstabilisant ses propres positions dans la région, notamment en Irak et dans le Golfe.
Pour l’heure, les États-Unis restent officiellement en retrait, mais son implication indirecte augmente à mesure que la confrontation se prolonge.
Une guerre à haut risque pour l’ensemble de la région
L’affrontement entre Israël et l’Iran ne se limite pas à un simple duel bilatéral : c’est l’ensemble du système régional qui vacille. Le Hezbollah libanais, allié indéfectible de Téhéran, pourrait ouvrir un nouveau front au nord d’Israël. En Irak, les milices pro-iraniennes accentuent leur rhétorique guerrière. Les Houthis au Yémen pourraient eux aussi intensifier leurs frappes contre les intérêts israéliens et saoudiens.
Dans ce contexte, les monarchies du Golfe, traditionnellement hostiles à l’Iran mais prudentes face à l’aventurisme militaire israélien, adoptent une posture d’attente, craignant d’être entraînées dans un engrenage incontrôlable. Quant à la Russie et à la Chine, elles observent l’évolution de la crise, voyant dans cette déstabilisation une opportunité de fragiliser l’influence américaine au Moyen-Orient.
Une bascule historique
En franchissant ce seuil de confrontation militaire directe, Israël et l’Iran font basculer la région dans une nouvelle ère d’instabilité. Si un cessez-le-feu n’intervient pas rapidement, le risque d’un conflit régional généralisé devient réel. La militarisation croissante des tensions stratégiques, sur fond d’impasse diplomatique nucléaire, renforce le spectre d’une conflagration bien au-delà des seules frontières des deux protagonistes.
L’impunité israélienne : un moteur structurel de l’escalade
Plus qu’une simple escalade militaire, cette guerre ouverte incarne surtout l’échec d’un système international incapable depuis des décennies de contenir l’expansionnisme et l’agressivité militaire israélienne, perpétrés sous couvert du droit à l’autodéfense. En invoquant systématiquement ce droit, l’entité sioniste bénéficie depuis sa création d’une impunité politique, juridique et diplomatique quasi absolue, qui a peu à peu vidé de sens les principes du droit international humanitaire.
Une protection systémique et asymétrique
Que ce soit au Conseil de sécurité de l’ONU, au sein des grandes chancelleries occidentales ou dans les médias dominants, Israël a toujours su obtenir un traitement d’exception. Ses violations répétées du droit international — colonisation illégale des territoires palestiniens, blocus de Gaza qualifié de punition collective, assassinats ciblés, frappes sur des infrastructures civiles, usage disproportionné de la force contre des populations sous occupation — n’ont jamais donné lieu à de réelles sanctions, ni à une mise en cause sérieuse devant la Cour pénale internationale.
Les États-Unis, principal allié stratégique d’Israël, ont systématiquement opposé leur veto à toute résolution contraignante au Conseil de sécurité. Quant à l’Europe, elle se limite depuis des décennies à de timides condamnations verbales, sans jamais remettre en cause ses accords commerciaux et militaires avec Tel-Aviv. Ce soutien occidental permet à Israël de mener ses opérations avec la certitude de n’avoir aucun compte à rendre à la communauté internationale.
L’instrumentalisation du droit à la légitime défense
La notion de “légitime défense”, consacrée par l’article 51 de la Charte des Nations Unies, est au cœur de la rhétorique israélienne. Mais son application par Israël est profondément contestée par de nombreux juristes internationaux. En tant que puissance occupante, Israël détient en réalité des obligations renforcées envers les populations sous son contrôle, obligations qu’il piétine en invoquant un droit préventif à la défense. Cette manipulation juridique inverse le statut des victimes et des bourreaux et permet de justifier des opérations militaires massives contre des civils, présentés comme des “boucliers humains” ou des “terroristes en puissance”.
L’impuissance des institutions internationales
La Cour pénale internationale, saisie de plusieurs dossiers concernant la Palestine, reste entravée dans ses investigations, en raison notamment de pressions diplomatiques massives exercées sur ses magistrats. Israël refuse toute coopération judiciaire, en dépit des nombreuses accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité documentées par des organisations comme Human Rights Watch, Amnesty International ou la commission d’enquête de l’ONU.
Ce vide judiciaire participe d’une normalisation progressive des violations les plus graves du droit international, encouragé par l’absence de mécanismes contraignants permettant de limiter l’usage illimité de la force par l’État hébreu.
Un précédent dangereux pour l’ordre mondial
L’impunité chronique d’Israël crée désormais un précédent qui menace la stabilité du système international lui-même. En contournant les règles qui fondent la coexistence entre États, en méprisant les conventions de Genève et en réinterprétant à sa guise les principes de sécurité collective, Israël contribue à fragiliser un ordre juridique déjà affaibli. Son exemple inspire d’autres puissances autoritaires qui constatent qu’il est possible de violer le droit international sans en subir les conséquences.
L’Iran, acteur et symptôme de cette faillite internationale
C’est précisément cette impunité structurelle qui pousse aujourd’hui l’Iran à franchir à son tour les lignes rouges en répondant frontalement aux agressions israéliennes. Devant l’absence de toute protection effective des peuples arabes et musulmans par les instances internationales, Téhéran s’érige en défenseur autoproclamé des Palestiniens, cherchant à rétablir un rapport de force par la confrontation directe. Ce basculement illustre l’épuisement du cadre multilatéral et diplomatique de résolution des conflits au Moyen-Orient.
Pour la région, l’avenir immédiat s’annonce donc non seulement incertain, mais potentiellement catastrophique. Car derrière cette escalade militaire, c’est la légitimité même du droit international qui vacille sous les coups de boutoir de l’impunité israélienne et de l’impuissance de ses garants.
BRVES:
L’Iran affirme avoir frappé avec succès l’entité Sioniste
L‘Iran a affirmé, lundi, avoir frappé avec succès l’entité Sioniste avec une salve de missiles qui ont touché plusieurs villes du pays, promettant des frappes “plus dévastatrices contre les cibles vitales” sionistes.
“Une nouvelle vague d’attaques des Gardiens de la Révolution (…) a permis à des missiles d’atteindre avec succès et efficacité les cibles” en territoires occupés, a affirmé dans un communiqué l’armée iranienne.
Elle a salué une opération menée à bien “malgré le soutien total des (…) puissances occidentales et la possession des technologies de défense les plus modernes”.
Les Gardiens ont promis la poursuite d'”opérations efficaces, ciblées et plus dévastatrices contre les cibles vitales” pour l’entité sioniste, rendant hommage à Mohammad Bagheri, Hossein Salami et Amirali Hajizadeh, les trois plus hauts responsables militaires iraniens tombés en martyrs depuis le début des frappes aériennes sionistes sur l’Iran vendredi.
Ministère iranien de la Santé: les attaques sionistes ont fait au moins 224 martyrs depuis vendredi
Les attaques sionistes menées depuis vendredi contre l’Iran ont fait au moins 224 martyrs et plus d’un millier de blessés, a indiqué dimanche le ministère iranien de la Santé.
“Après 65 heures d’agression de l’entité sioniste (…) 224 femmes, hommes et enfants sont tombés en martyrs”, a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé, Hossein Kermanpour, cité par des médias.
Il a précisé que “plus de 90%” des victimes soient des civils.
L’armée sioniste a mené plusieurs attaques contre des infrastructures civiles et militaires iraniennes.
La diplomatie iranienne avait qualifié, dans un communiqué, les attaques sionistes “de violation fragrante des chartes onusiennes et d’une agression manifeste contre l’intégrité territoriale et la souveraineté du pays”.
L’Iran promet une réponse dévastatrice aux attaques sionistes
L‘Iran a promis une réponse dévastatrice aux attaques sionistes menées depuis vendredi contre son territoire et affirmé que l’entité sioniste ne serait bientôt “plus habitable”.
“L’ampleur de la réponse dévastatrice des courageux combattants iraniens englobera assurément toutes les parties des territoires occupés”, a affirmé le colonel Reza Sayyad, un porte-parole des forces armées.
“Quittez les territoires occupés, car ils ne seront certainement plus habitables à l’avenir”, a-t-il ajouté dans une allocution diffusée par la télévision d’Etat.
“Sachez que séjourner dans des abris souterrains ne vous assurera pas la sécurité”, a mis en garde le militaire iranien dans un message adressé aux sionistes.
En Iran, au moins 128 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées et environ 900 blessées, vendredi et samedi, dans les frappes sionistes, selon un média local citant le ministère de la Santé.
L’armée sioniste a mené plusieurs attaques, dans la nuit de jeudi à vendredi, contre des infrastructures civiles et militaires iraniennes, faisant des martyrs et blessés. Ces agressions se poursuivaient dimanche faisant aussi de nouvelles victimes.
En réponse, les médias d’Etat iranien ont rapporté que l’Iran avait lancé “des centaines de missiles balistiques divers” vers l’entité sioniste.
La diplomatie iranienne avait déjà qualifié, dans un communiqué, les attaques sionistes de “violation flagrante des chartes onusiennes et d’une agression manifeste contre l’intégrité territoriale et la souveraineté du pays”, affirmant que “l’Iran y ripostera par tous les moyens nécessaires”.
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