Derniées informations
prev next

Un coup historique contre un réseau de blanchiment d’argent

Par Y.B.-- 07-Mai-2025 0

Le Service central de lutte contre le crime organisé (SCLCO) de Saoula, à Alger, vient de démanteler un vaste réseau de criminalité économique. Cette opération d’envergure a conduit à l’arrestation de 47 individus impliqués dans une gigantesque fraude aux fausses factures, et au gel de sommes colossales issues de transactions fictives.

30 sociétés-écrans pour générer de fausses factures

Selon la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), 30 sociétés-écrans avaient été créées et immatriculées dans différentes wilayas sans aucune activité réelle. Ces entités servaient de façade pour émettre de fausses factures, maquiller des transferts illicites et procéder à des opérations massives de blanchiment d’argent.

Grâce à la traçabilité des flux financiers, les enquêteurs ont pu récupérer 24 milliards de centimes, tout en gelant 78 milliards de centimes sur divers comptes bancaires, empêchant ainsi leur détournement.

Des actifs saisis d’une valeur de 400 milliards de centimes

L’opération ne s’est pas arrêtée aux flux monétaires. Le SCLCO a également saisi des actifs matériels et immobiliers estimés à 400 milliards de centimes, comprenant 500 camions poids lourds, bulldozers, véhicules légers, mais aussi des terrains, villas et appartements répartis entre Alger et d’autres grandes wilayas.

Une coordination interservices déterminante

Ce succès a été rendu possible par une collaboration étroite entre la police judiciaire, les services des douanes, les institutions bancaires et le pôle pénal économique. Cette synergie a permis de croiser les registres du commerce, les données fiscales et les signalements bancaires, révélant de graves incohérences dans les déclarations des sociétés fictives.

Les entreprises incriminées n’avaient ni locaux physiques, ni employés déclarés. Ces anomalies ont conduit à des perquisitions ciblées, révélant un système sophistiqué de recyclage d’argent, reposant sur des prête-noms et des investissements dans des secteurs stratégiques, principalement l’immobilier et l’industrie.

Des circuits financiers complexes et internationaux

Pour démanteler ce système, le SCLCO a fait appel à des experts-comptables pour remonter les flux financiers. Ces investigations ont mis au jour des transferts internationaux suspects et des montages juridiques complexes conçus pour échapper aux contrôles.

Les enquêteurs se sont appuyés sur l’expérience d’opérations précédentes, comme celle de TransRoute en 2022 (blanchiment par le biais de 500 camions) ou encore la saisie de 32 kg de métaux précieux en 2024. Ces précédents ont permis d’affiner les méthodes, notamment la vérification systématique des adresses et la surveillance des créations d’entreprises.

Des accusations lourdes et des enjeux majeurs

Les 47 individus arrêtés sont poursuivis pour blanchiment d’argent, fraude fiscale, faux et usage de faux. Un ancien magistrat a souligné l’importance des systèmes automatisés de surveillance financière, désormais intégrés aux outils du service.

Cette affaire illustre l’efficacité d’une approche multidimensionnelle, combinant renseignement financier, coopération institutionnelle et dispositifs juridiques modernisés.

Renforcer les contrôles pour prévenir la fraude

Les experts insistent sur la nécessité de renforcer les mesures préventives, comme la vérification obligatoire des adresses d’entreprise ou encore l’harmonisation des bases de données fiscales et bancaires. Ces recommandations visent à combler les failles administratives largement exploitées par les réseaux criminels.

Une menace pour l’économie réelle

Cette opération démontre que la criminalité économique dépasse le cadre virtuel des flux financiers. Elle s’enracine dans l’économie réelle, via des investissements concrets et des acquisitions de biens physiques, ce qui rend sa détection et sa répression encore plus complexe.

Une bataille de longue haleine

Pour l’Algérie, la lutte contre ce type de criminalité constitue un défi majeur. Elle impose un renforcement permanent des capacités techniques, juridiques et opérationnelles, mais aussi une coopération accrue avec les instances internationales. La modernisation des outils de surveillance et l’application rigoureuse des nouvelles lois financières seront des leviers essentiels pour contrecarrer ces réseaux structurés.

les commentaire

Laisser un commentaire