
Dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 juin, le voilier ‘’Madleen’’, affrété par la coalition Freedom Flotilla, a été intercepté par l’armée israélienne alors qu’il approchait des côtes de Gaza. À son bord, douze militants humanitaires, dont l’activiste Greta Thunberg et l’eurodéputée La France insoumise Rima Hassan, tentaient d’acheminer de l’aide à la population palestinienne. Le navire a été redirigé de force vers Israël. Les passagers seraient actuellement détenus.
Une interception dénoncée comme illégale
Selon la Freedom Flotilla Coalition, l’intervention s’est produite en dehors des eaux territoriales israéliennes, constituant une “violation manifeste du droit international”. Huwaida Arraf, l’une des responsables de l’organisation, affirme qu’Israël n’avait aucun fondement légal pour arraisonner le navire ni pour retenir les militants.
Dans un communiqué publié sur X, La France insoumise a dénoncé l’”arrestation illégale de 12 humanitaires et activistes pacifistes”, appelant à leur libération immédiate. Jean-Luc Mélenchon a exprimé sa “plus vive indignation” face à cette interception et exigé que l’acheminement de l’aide vers Gaza soit respecté. Le mouvement réclame une condamnation internationale ferme de l’opération israélienne.
Le Madleen intercepté à 60 km des côtes gazaouies
Parti une semaine plus tôt de Catane, en Sicile, le Madleen transportait une douzaine de passagers originaires d’Europe et d’Amérique du Sud. Il avait fait escale en Égypte, puis s’était rapproché à moins de 31 milles nautiques (environ 57 km) de Gaza lorsqu’il a été arraisonné. Sur les dernières images diffusées avant la coupure des communications, les passagers apparaissaient portant des gilets de sauvetage, les mains levées, encerclés par les forces israéliennes.
L’objectif de la mission : briser le blocus imposé à Gaza et livrer une cargaison d’aide humanitaire dans une zone plongée dans une crise humanitaire extrême depuis plus de 20 mois de guerre.
LFI et les Écologistes appellent à la mobilisation
Dimanche soir, Rima Hassan avait lancé un appel à une veillée de soutien place de la République à Paris, redoutant une intervention imminente. “Nos sacs sont faits et nos gilets de sauvetage enfilés. On attend”, avait-elle écrit sur X.
Des figures politiques comme Marine Tondelier (Les Écologistes), ainsi que plusieurs membres de LFI, ont appelé à des rassemblements en France ce lundi à 18h, notamment à Paris. Pour Tondelier, “seule une mobilisation internationale peut garantir la protection des militants” et inciter les États à agir.
Un contexte tendu et des précédents
Ce n’est pas la première fois que Rima Hassan se heurte aux autorités israéliennes. En février dernier, l’eurodéputée avait déjà été refoulée à la frontière alors qu’elle accompagnait une délégation du Parlement européen.
Israël, de son côté, justifie l’interception par la nécessité de prévenir tout transfert d’armes au Hamas via le blocus maritime. Le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré que le voilier avait été détourné “en toute sécurité vers les côtes israéliennes” et que les passagers seraient prochainement renvoyés dans leurs pays d’origine.
L’aide humanitaire à Gaza : un accès toujours entravé
Depuis fin mai, les livraisons d’aide à Gaza ont partiellement repris, après un blocus total de plus de deux mois. Mais de nombreux incidents, dont des frappes près de centres de distribution, continuent de freiner l’acheminement de l’aide.
L’ONU estime que 2,3 millions de Gazaouis sont aujourd’hui menacés par la famine. Plus de 130 ONG et plusieurs agences des Nations Unies réclament une protection internationale pour les missions humanitaires et la fin des blocages israéliens.
Anon AUBRY eurodéputée LFI :
Briser le blocus humanitaire à Gaza : arrestation du bateau par l’armée israélienne
Un bateau humanitaire qui tentait de briser le blocus imposé à Gaza a été arraisonné par l’armée israélienne cette nuit. Est-ce que j’ai des nouvelles de Rima ce matin, ou du reste de l’équipage ? Non. Aucune. Le bateau a été intercepté au milieu de la nuit, et toutes les communications ont été coupées avant même leur arrestation.
Pour bien mesurer ce qu’il s’est passé : un navire humanitaire, à bord duquel se trouvaient douze personnes, dont six Français, notamment l’activiste climatique Greta Thunberg et ma collègue Rima Hassan, a été intercepté et arrêté. Leur seul “crime” ? Acheminer pacifiquement de l’aide humanitaire à destination de la population de Gaza, qui subit un blocus humanitaire total depuis des mois.
Une population entière au bord de la famine
Aujourd’hui, 100 % de la population gazaouie – soit deux millions de personnes – est exposée à un risque de famine. C’est une réalité. Et dans ce contexte, ce sont celles et ceux qui apportent de l’aide, qui sont arrêtés. Alors que les seuls qui devraient être en prison, ce sont les dirigeants israéliens qui organisent un génocide à ciel ouvert, en toute impunité.
Une arrestation contraire au droit international
Ce matin, l’armée israélienne affirme avoir « arraisonné » le bateau et l’avoir escorté vers un port pour y expulser les passagers hors d’Israël. Mais au regard du droit israélien, comme du droit international, cela constitue une arrestation.
En droit, une personne est considérée comme arrêtée dès lors qu’elle est privée de sa liberté. En France, on notifie une arrestation à une personne dans la rue, pas seulement une fois arrivée au commissariat. C’est exactement ce qu’il s’est passé ici.
D’ailleurs, cette arrestation pose plusieurs problèmes de légalité :
D’abord, parce que le bateau a été intercepté dans les eaux internationales. L’armée israélienne n’a aucune autorité légale pour agir à cet endroit.
Ensuite, parce que ma collègue Rima Hassan bénéficie de l’immunité parlementaire, en tant que députée européenne.
Une interpellation à la présidente du Parlement européen
J’interpelle donc Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, avec qui j’ai échangé hier, pour qu’elle exige la libération immédiate de Rima et de l’ensemble de l’équipage.
Je me souviens d’un moment pas si lointain où des députés européens avaient été empêchés d’entrer en Chine. À ce moment-là, le Parlement européen avait réagi immédiatement et sanctionné la Chine. Là, une députée européenne est arrêtée, et c’est le silence total. Un silence assourdissant.
Quand la miche de pain devient un rêve
L’armée israélienne a donné l’ordre d’empêcher ce bateau d’accéder à Gaza. Mais quelle armée empêche des vivres d’arriver à une population affamée ? Quelle armée prive deux millions de personnes de nourriture, de soins, d’eau, et de tout besoin élémentaire ?
Aujourd’hui, le seul rêve d’un enfant à Gaza, c’est une miche de pain. Une miche de pain. C’est de cela dont on parle. Ce blocus, ces crimes, ces famines, anéantissent une population entière. Et pendant ce temps, une armée commet un massacre en plein jour, sous les yeux du monde entier.
Ce qui coule, c’est notre humanité
Dans la mer Méditerranée, ce n’est pas seulement un voilier qui coule, c’est notre humanité. Celles et ceux qui ont embarqué sur ce bateau n’ont pas fui, ils ont choisi d’agir. Ils ont fait honneur à notre humanité, en essayant de briser le blocus, en refusant de détourner le regard.
Aujourd’hui, seule une mobilisation populaire massive permettra leur libération. J’appelle à un grand rassemblement à 18h, place de la République à Paris, pour exiger une réaction immédiate d’Emmanuel Macron et de la Commission européenne.
Car je le dis clairement : le silence complice et lâche de ceux qui ne font rien face à ce génocide et à cette arrestation illégale, c’est une complicité historique. Il est temps d’agir.
Complicité historique face au silence : l’arrestation de Rima Hassan et de l’équipage humanitaire
Le silence complice et lâche de ceux qui ne font rien face à ce génocide, face à cette arrestation illégale, est aujourd’hui une complicité historique.
Je le rappelle que l’arrestation de Rima Hassan n’est pas une simple désactivation. C’est une arrestation. L’armée israélienne affirme vouloir les expulser une fois le bateau arrivé au port d’Ashdod.
Une équipe d’avocats mobilisée
Nous nous sommes organisés. Des avocats ont été sollicités par La France Insoumise, et nous sommes en contact avec des juristes sur place, prêts à intervenir dès l’arrivée des activistes. L’objectif est clair : défendre les droits de Rima Hassan et de l’ensemble de l’équipage humanitaire.
Je rappelle qu’aucune raison légale ne justifie qu’ils soient fouillés, détenus, ou arrêtés. L’armée israélienne est en train de rajouter un nouveau crime à la longue liste de crimes de guerre et crimes contre l’humanité qu’elle a déjà commis.
Silence radio depuis la nuit
Nous n’avons plus aucune nouvelle de Rima Hassan à l’heure où je vous parle, c’est-à-dire à 7h du matin. Depuis le début de la nuit, toutes les communications ont été coupées. C’est important de le souligner : cela signifie que Rima et les autres membres de l’équipage n’ont aucun moyen de communiquer avec l’extérieur.
Autrement dit, les mêmes méthodes appliquées pour commettre un génocide dans la bande de Gaza sont utilisées ici aussi : pas de journalistes, pas de témoins, aucune transparence. Nous savons que des passagers ont jeté leur téléphone à la mer, de peur qu’il soit fouillé. Voilà dans quelle situation nous sommes.
Leur seul “crime” : de l’aide humanitaire
Et je le redis ici, à votre antenne : il n’est pas normal qu’une députée européenne, ni que des militants humanitaires, soient détenus par l’armée israélienne. Pour quel crime ? Pour avoir apporté des couches, du riz, des pâtes. Voilà ce qu’ils avaient à bord. Voilà ce qui est aujourd’hui considéré comme une “menace”.
Et pendant ce temps, ceux qui devraient être détenus, ceux qui commettent ce génocide, sont libres. C’est le gouvernement israélien qui devrait être arrêté.
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