Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies alerte sur une crise alimentaire majeure au Soudan, exacerbée par deux années de guerre civile. Malgré l’ampleur de la catastrophe, les financements manquent cruellement. Le PAM redoute de ne plus pouvoir répondre aux besoins de millions de Soudanais confrontés à la malnutrition et à la famine.

« L’aide alimentaire reste la seule bouée de sauvetage pour des familles déracinées, privées de tout », a déclaré Shaun Hughes, coordinateur régional du PAM. Il dénonce une crise régionale qui s’étend désormais à plusieurs pays voisins déjà fragilisés par des conflits persistants et une insécurité alimentaire aiguë.

Des chiffres alarmants

Selon le PAM :

• Plus de 25 millions de Soudanais, soit la moitié de la population, souffrent actuellement d’insécurité alimentaire sévère.

• 8 millions sont au bord de la famine.

• 1,5 million de réfugiés ont fui vers l’Égypte depuis le début du conflit.

• 850 000 réfugiés ont trouvé refuge au Tchad, où 1 000 nouveaux arrivants franchissent la frontière chaque jour.

Des besoins financiers colossaux

Pour maintenir ses actions d’urgence :

• Le PAM réclame 200 millions de dollars pour aider les réfugiés soudanais dans les pays voisins : Égypte, Tchad, Éthiopie, Libye, République centrafricaine, Soudan du Sud et Ouganda.

• Il lui faut 575 millions de dollars supplémentaires pour soutenir les 10 millions de déplacés internes au Soudan.

Pour l’heure, le plan humanitaire de l’ONU n’est financé qu’à 14,4 %, un chiffre dérisoire face à l’ampleur des besoins. Cette pénurie de fonds est aggravée par les coupes dans l’aide internationale, notamment celles décidées sous l’administration Trump, selon l’organisation.

Risque d’effondrement de l’aide

Sans ressources supplémentaires, le soutien humanitaire pourrait s’arrêter dans les mois à venir. En Égypte, où l’afflux de réfugiés a été massif, l’assistance alimentaire a déjà été réduite pour 85 000 personnes cette année. Sans nouveaux financements, les aides vitales cesseront d’ici août, prévient le PAM.

Au Tchad, les rations alimentaires seront encore diminuées, bien que la situation se détériore chaque jour avec l’arrivée de nouveaux réfugiés, notamment en provenance du Darfour.

Un conflit qui détruit tout

Depuis avril 2023, le Soudan est ravagé par un conflit entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par le général Mohamed Hamdane Daglo, son ancien allié. La guerre a fait des milliers de morts, détruit les infrastructures, paralysé les services de santé, et anéanti la production agricole dans ce pays pourtant irrigué par le Nil.

Un appel à la solidarité mondiale

Face à cette tragédie silencieuse, une conférence internationale se tient cette semaine en Espagne, sous l’égide de l’ONU, pour tenter de mobiliser de nouveaux soutiens.

Sans un réveil rapide de la communauté internationale, la plus grande crise de famine au monde pourrait se transformer en catastrophe incontrôlable, avec des conséquences humaines et géopolitiques dramatiques pour toute la région.